Éditions GOPE, 13 x 19 cm, 228 pages, ISBN 979-10-91328-45-6, 18.85 €

vendredi 25 août 2017

Un monde très sombre, très glauque

[…]
Encore une fois, j’ai pu découvrir ce titre grâce à […] Pauline de Pinupapple & Books […]. Et ça a donné lieu à un nouveau service de presse avec une maison d’édition qui m’était inconnue, champagne ! Je remercie d’ailleurs chaleureusement les éditions Gope de m’avoir accordé leur confiance avec entrain et bienveillance pour cet envoi, cela m’a fait grandement plaisir. Cette maison indépendante a pour mission de vous faire découvrir ou redécouvrir des États asiatiques tels que la Thaïlande, Hong Kong, le Cambodge ou encore l’Indonésie et la Malaisie.

Article original


[..] Évasion garantie dans un monde très sombre, très glauque.

Notamment dans une maison où vous aurez constamment l’impression d’étouffer. Évasion donc dans les odeurs de la cuisine traditionnelle du nuoc mam, qui fait la renommée de l’entreprise familiale des Thi Lê, dans leur culture profonde, mais enfermement physique et surtout psychologique. Ce roman m’a tenu en haleine jusqu’à la dernière page, il m’a perturbée, envoûtée, m’a fait hérisser les poils d’effroi aussi. En clair, il ne m’a pas laissée indemne. Et, pour un premier roman, j’applaudis cette confusion parfaitement maîtrisée dans laquelle Valérian MacRabbit laisse le lecteur sur le paillasson de son livre (ou plutôt de la chambre d’hôpital). Aussi la description parfaite du macabre et de l’inimaginable, l’oscillation entre le thriller haletant et le conte qui prend des allures d’épouvante, est saisissante.

Cette hybridité nous déroute mais le mariage est réussi jusqu’à la dernière ligne. On suit donc l’histoire de la famille Thi Lê, qui semble bien sous tous rapports et à envier si l’on admire depuis suffisamment longtemps leur maison proprette d’apparence. Mais, mais, mais... C’était sans oublier le sous-sol qui se cache au bout du jardin, symbole d’innocence et de parenthèses, de bulles de bonheur familial trop court. Et son cinquième niveau interdit d’accès, jusqu’à ce que... Un événement va bouleverser le calme apparent du quotidien des Thi Lê et mener à une explosion des tensions sous-jacentes...

Idoru

Et cela de manière effroyable. Âmes sensibles s’abstenir. Pas étonnant que Franceline, la cadette de la fratrie, ait enfoui ce traumatisme au plus profond d’elle-même... À tel point qu’elle l’a purement occulté. Cependant, sa vie en tant d’adulte est loin d’être épanouissante et libératrice, tant les réminiscences de l’enfance la hantent encore et sont comme un terrier sans fin dans lequel elle s’engouffre, dans les méandres de son âme et de son esprit tourmenté de petite fille franco-vietnamienne. Le roman va ainsi faire des bons habiles dans le passé, un va-et-vient constant avec le présent, grâce à une voix digne du susurrement pernicieux du Cheshire Cat.

Elle va inciter Franceline à se rappeler du moindre détail de sa jeunesse emprisonnée dans une maison qui pue la friture de poissons, sur une île fictive au large de la Bretagne. Sinon, si vous connaissez Askalie, faites-moi signe, hein !... Cette petite île qui possède tous les vices à chaque coin de rue représente l’isolement des quatre enfants d’un monde déjà injuste, moche, discriminant, et la cruauté des jeunes de leur âge ou leur stupidité, leur perversité en rajoute une couche et les enferme dans leur malheur. Un conseil : ne faites SURTOUT pas comme moi. Ou alors si, justement. J’ai lu Un fils parfait juste avant et je me suis rendu compte que les deux traitaient des mêmes thèmes.

Je vous mets le warning : si Mathieu Ménégaux encre le viol incestueux dans un univers réaliste et judiciaire, Valérian MacRabbit, quant à lui, va utiliser des détours oniriques, des métaphores effrayantes, et, in fine, c’est lui qui va nous offrir un viol d’une abomination visuelle et sensorielle insoutenable. L’un s’intéresse à la victime bafouée dans ses droits, l’autre au crime digne des pires cauchemars de l’inconscient et aux séquelles que cela laisse à une famille d’ores et déjà brisée, morcelée, à l’environnement malsain et suffocant. En tout cas, les deux ont réussi à chambouler mes sentiments vis-à-vis de la nature humaine, et pour MacRabbit, une nuance s’ajoute avec un bouleversement de mon imaginaire et de la notion de « monstre ». Je ne verrai plus jamais les créatures du pays des merveilles de la même façon.

« La petite fille n’avait pas peur des insectes et du noir, mais elle avait peur de la Mygale dont son frère lui avait parlé... »

« Il y a des visages plus beaux que le masque qui les couvre. » (Jean-Jacques Rousseau, Émile ou de l’Éducation)


28 juillet 2017

Une booktubeuse en parle !



Un grand merci à Pauline de Pinupapple & Books qui a si gentiment parlé de Bâton de Réglisse !